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Le père, le fils et la colère

La colère

John était très en colère après son fils. Furibard, il voulait le frapper. Mais il savait que s'il le faisait, il en serait meurtri et honteux plus tard. Sa colère retomba; il voulait comprendre comment être plus doux, moins violent. Au sein de sa propre obscurité, il devait y avoir une lueur.

Que faire? Comment être heureux? Il avait toujours donné et reçu des ordres. Sa vie était carrée, bien posée. Il ne comprenait pas comment il avait pu avoir un fils aussi éloigné de lui, si "artiste".

Sa femme était morte depuis longtemps; son fils était tout ce qui lui restait d'elle; ça et des vieux habits. Comment ne plus avoir ces accès de colère? Comment aimer, tolérer ce fils? A qui parler? Il n'avait pas de confident, pas réellement d'ami intime. Il était SEUL.

L'Ange

Il se tourna alors vers lui-même. Il se rappela que lorsqu'était petit garçon, il parlait à un compagnon invisible. De toute façon, il ne savait plus quoi faire. Il fut surpris par une intuition fulgurante: "je suis en contact avec un Ange".

- Comment t'appelles-tu, Ange?
- Je suis l'Ange Lehahiah. Je traite de la colère.
- Ah, tu es l'Ange qu'il me faut alors. Que puis-je donc faire?
- Tu peux déjà me prier, penser à moi, te renseigner sur moi.
- Cela, je ne l'ai jamais fait! Comment prie-t'on un Ange?
- Il suffit de me parler avec ton coeur. Je comprends tout. Je suis très patient et toujours à tes côtés. Il suffit de croire en moi. C'est très simple en fait. Tu m'appelles et je te réponds. Pense un peu à moi en te réveillant et aussi en te couchant.
- Je le ferai. Déjà, ta présence me rassénère. Je ne suis plus seul en fait.
- Tu n'es jamais seul; je suis toujours à tes côtés, moi et bien d'autres Anges. Je te quitte à présent.
- Au revoir, bel Ange!

L'idée

Il eut une idée: et si il parlait à son fils de coeur à coeur? Mais aussitôt, il prit peur: son fils lui était inconnu, leurs contacts se limitaient à des repas pris dans le silence et des engueulades monstres: il avait forcé son fils à suivre des études "sérieuses" et ce dernier séchait régulièrement les cours. Il préfèrait peindre ou écrire des poèmes.

Il se rendait compte qu'accepter son fils tel qu'il était le menait droit dans l'inconnu. Que deviendrait son fils s'il n'avait pas un métier honnête et sérieux? Son intuition et son Ange lui communiquaient qu'il y avait peut-être des solutions. Se lancer dans l'inconnu...

"D'accord, se dit-il. De toute façon, cela ne peut plus durer ainsi. Soit, que mon fils soit un "saltimbanque". Advienne que pourra! J'accepte qu'il aille au conservatoire et je lui paierai ses études. Je ferai cela en mémoire de sa mère, si fine danseuse."

Les étoiles

Il parla le soir même à son fils. Ils parlèrent longtemps de coeur à coeur. Le père exprima son incompréhension, le fils la peur de son père et de ses accès de colère.

Ils parlèrent, parlèrent. Ils pleurèrent, pleurèrent en se rappelant la mère et l'épouse, morte quand le fils n'avait que dix ans. Le père accepta l'orientation professionnelle de son fils; ce dernier dit qu'il essaierait tout de même de gagner sa vie tout en étant artiste.

Puis ils sortirent de chez eux et regardèrent le ciel étoilé. Une étoile devait briller pour la mère...

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